RegTech : vecteur de rapprochement entre les services financiers et la technologie

Alors que plus que 40 milliards de dollars ont été déjà investis dans le monde dans les FinTech (PwC Global FinTech Report 2017), la tendance peine à prendre forme en Tunisie. Très souvent, la réglementation est évoquée comme frein à la transformation digitale ou à la mise sur le marché de nouveaux produits, qui sont d’ailleurs fortement attendus par le consommateur.
Cette même réglementation peut constituer une opportunité pour notre écosystème financier si dotée des technologies appropriées, à travers la RegTech, et devenir ainsi un facilitateur (enabler) pour les FinTech et AssurTech. Mais comment y parvenir ? Un gros plan s’impose.
La culture de l’innovation dans les pays occidentaux et dans quelques pays émergents, comme le Kenya, a permis un développement extraordinaire des paiements mobiles, de la banque en ligne et de plusieurs autres formes nouvelles des métiers de la Banque et de l’Assurance. Ce développement a bien entendu pris de l’avance sur la réglementation qui était en vigueur. Il a été ensuite suivi par le développement d’une nouvelle forme de mise en conformité, la RegTech, pour l’alignement avec les exigences réglementaires en vigueur.
Et pour mieux comprendre l’importance qu’accordent les services financiers dans le monde à la RegTech, il suffit de considérer les 160 milliards de dollars dépensés par les banques américaines seules comme amendes et pénalités pour non-conformité. A titre d’exemples, contentons-nous de la HSBC (Banque) et Intesa Sanpaolo (Assurance Vie) qui ont accepté de payer respectivement 2,3 et 1,2 millions de dollars pour des manquements à la lutte anti blanchiment d’argent. Ça nous permet de comprendre aussi la fermeté que manifeste le système financier occidental à l’égard de son réseau de correspondants internationaux.
Revenons au niveau national où les entrepreneurs sont confrontés à une exigence de conformité préalable de leurs innovations. Cette exigence pourrait justement être plus facilement satisfaite si la cible réglementaire serait capable de dialoguer avec un langage technologique automatisé. D’où l’intérêt du développement de la RegTech.
Prenons donc le temps de comprendre ce que c’est la RegTech, qui pourrait être finalement un prérequis au déploiement massif de la FinTech et AssurTech dans notre pays. C’est en termes simples l’ensemble des technologies permettant la mise en conformité réglementaire d’un processus ou d’un produit. C’est aussi la panoplie d’outils qui permettent de mieux superviser la conformité et les différentes obligations réglementaires nationales et internationales. Tâches souvent connues comme complexes, chronophages et surtout à très haut risque.
En d’autres termes, la RegTech peut être considérée comme la brique manquante permettant de faire le lien entre la technologie, la réglementation, les services financiers traditionnels et la FinTech / AssurTech.
L’éclosion d’une RegTech tunisienne pourrait donc être une opportunité à tout l’écosystème FinTech et AssurTech pour qu’il puisse, finalement, se concentrer sur la création de services disruptifs à très haute valeur ajoutée et de se libérer des exigences réglementaires (DRC, Reporting, KYC, AML, FATCA, etc.) en les confiant à une RegTech avec laquelle il pourra dialoguer plus facilement.
Mahmoud MHIRI, Executive Partner à Vneuron